Alléluia!
Hier soir après être allé voir un film au cinéma en banlieue de Perpignan, je suis allé manger dans un des restaurants qui se trouvent juste en face. J’avais l’embarras du choix : Crêperie, asiatique, etc., mais finalement mon choix s’est arrêté sur « La Boucherie ». Je ne le regrette pas car les prix sont raisonnables, la bouffe est excellente, le service est impeccable et l’ambiance est assez particulière. Je t’explique. À plusieurs reprises pendant mon repas, une cloche sonnait et à chaque fois, peu importe où se trouvait les employés, ils criaient quelque chose que je n’ai pas compris tout de suite. Lorsque une hôtesse est venue me voir pendant le repas pour s’assurer que tout allait à mon goût, je lui ai demandé pourquoi la cloche sonnait et ce que les employés criaient. Elle m’a expliqué qu’à chaque fois qu’un client paye son addition à la caisse et qu’il dépose un pourboire dans le « cochon », la cloche sonne et les employés crient un « MERCI! ». Wow! Quelle bonne idée et comment résister à la tentation de ne pas laisser un pourboire!
Donc quand je vais payer mon addition, avant de déposer mon pourboire, je prends mon appareil photo afin de filmer la réaction du personnel. Après coup, je discute avec l’hôtesse et le gérant pendant plusieurs minutes avant de prendre la route en direction de l’aire de repos du « Village Catalan », dernière aire de repos avant la frontière espagnole car demain ce sera ma dernière journée de tourisme avant de reprendre la route vers Monpazier.
Eh oui, j’ai réalisé aujourd’hui que dans une semaine mes vacances seront réellement terminées! Mardi prochain, je me lèverai à Toulouse et le soir, je me coucherai dans mon lit à Montréal! Snif! Inévitablement, je me répète la même question années après années : Pourquoi faut-il que toutes bonnes choses aient une fin? Comme dirait Caliméro : « C’est vraiment trop injuste! ».
Une fois arrivé sur l’aire de repos, je m’arrête à la station-service pour une pause pipi et aussi pour voir où se trouve la douche afin d’avoir l’air d’un habitué demain matin. 5 minutes plus tard, je retourne à la voiture et me dirige vers une place ombragée pour m’y installer pour la nuit. Une fois la voiture transformée en chambre 5 étoiles, je décide de visionner les clips que j’ai tournés au resto et transférer les photos des derniers jours car ma carte mémoire commence à être pleine.
J’installe l’ordinateur et lorsque je veux sortir l’appareil photo de mon sac à dos, il n’y est plus! Les battements de mon cœur s’intensifient et je commence à paniquer. Il y avait des gens devant la station-service lorsque je m’y suis arrêté et ils n’y étaient plus lorsque j’en suis sorti. Aurais-je oublié de verrouiller les portes et ils en auraient profité pour voler mon appareil? Pourquoi ne sont-ils pas partis avec le sac-à-dos au complet! Voyons, ça n’a pas de bon sens! Je retourne à la station et de là je téléphone au restaurant juste au cas où… Je ne sais pas pourquoi cette fois-ci j’ai pris une carte d’affaire du resto alors que je n’en prends jamais! À l’heure qu’il est, le resto est fermé mais après plusieurs sonneries quelqu’un me répond. Je reconnais la voix du gérant et après lui avoir dit que j’étais le québécois avec qui il avait discuté plus tôt, il me dit que j’ai oublié mon appareil photo près de la caisse! Alléluia!
Malheureusement, je suis à plus d’une heure de route du resto et je ne pourrais pas m’y rendre avant que le personnel ait quitté. Le gérant me propose de revenir le lendemain pour récupérer l’appareil. Soulagé, je retourne à la voiture mais sachant très bien que je n’arriverai pas à fermer l’œil de la nuit, je reprends la route en direction du restaurant. Évidemment, l’endroit est désert lorsque j’y arrive. Comme il est impossible de rester sur les lieux jusqu’au lendemain matin, je roule sur la route nationale et je m’arrête sur l’accotement où je passerai la nuit.
Stressé, je n’ai pas réussi à fermer l’œil de la nuit et dès les premières lueurs de l’aube je retourne vers le resto où j’attendrai l’arrivée du premier employé. Il est passé 11h00 lorsque finalement je reprends possession de mon appareil. Une chance qu’il y ait encore du monde honnête!
La journée étant bien entamée, je dois changer mes plans pour cette dernière journée de tourisme. Hier j’hésitais entre 3 alternatives : Une dernière journée à la plage, visiter l’abbaye de St-Martin-du-Canigou ou Cerbère. J’avais opté pour cette dernière car le jour même pendant ma visite du Palais des rois de Majorque il y avait un artiste qui exposait des dessins de Cerbère et ça semblait vraiment magnifique. C’est d’ailleurs pour cette raison que je m’étais rendu près de la frontière. Mais là, je suis de nouveau à Perpignan et je dois choisir entre les deux autres options. La plage pourrait être une bonne idée puisque je pourrai y prendre une douche mais peut-être inconsciemment j’opte pour l’abbaye! Qui sait, probablement veux-je remercier le bon Dieu pour mon appareil-photo!
Bon, tu commences à me connaître! Je ne planifie jamais ce que je vais faire à l’avance et j’utilise mon guide de voyage seulement pour me donner des idées des endroits qui pourraient m’intéresser. Comme pour les films, je ne veux pas trop en savoir avant de les voir, pour l’abbaye c’est la même chose! J’ai vu une photo dans le guide mais je n’ai pas lu le texte qui l’accompagne. Une chance car si je l’avais lu je n’y serais JAMAIS venu! Voici les premières lignes dans le guide : L’accès du lieu est interdit aux voitures, la montée se fait donc à pied. L’abbaye est perchée à 1065 m d’altitude sur un promontoire rocheux… ». À Casteil, au début du sentier, il y a un panneau informant le public des horaires des visites, des tarifs, etc. C’est justement le « etc. » que je n’ai pas lu! J’ai juste pris une photo du panneau en me disant que je le lirai lorsque je regarderai mes photos quand je serai de retour à Montréal! La prochaine visite guidée est dans 10 minutes, je n’ai pas de temps à perdre! Encore une fois, si j’avais lu le panneau, probablement que j’aurais fait demi-tour en lisant cette ligne : « Distance 1600 m, dénivelé 300 m, à pied environ 25 à 50 minutes. »
Je l’ai finalement lu le panneau! Pas à Montréal comme je le prévoyais mais lors d’une des nombreuses pauses que j’ai fait. Je ne sais pas quelle distance il me reste à parcourir mais est trop tard pour changer d’idée. Et quand au tournant d’un ultime virage j’aperçois finalement l’abbaye, je te jure que j’ai cru entendre le « Alléluia » de Händel dans ma tête! J’ai réussi et je suis vraiment heureux d’avoir persévéré. C’est magnifique! Mais pourquoi diantre avoir construit cette abbaye dans ce lieu si isolé?
Pendant la visite j’apprends que le comte Guifred II entreprend la construction de l’abbaye autour de l’an 1000 avant de devenir lui-même un moine. Il y mourut en 1050 et est enterré dans sa tombe qu’il a lui-même creusé dans le roc. Puis en 1428 un violent tremblement de terre détruisit une grande partie de l’abbaye qui sera définitivement abandonnée en 1783. Ce n’est qu’en 1902 que les ruines sont rachetées et qu’une première phase de restauration commencera et de poursuivra jusqu’en 1932. Ce n’est qu’en 1988 que la vie spirituelle reprendra dans ces lieux quand la Communauté des Béatitudes se voit confier la mission d’assurer l’entretien des bâtiments et d’accueillir les visiteurs.
La descente vers la voiture est moins longue que la montée mais tout aussi éprouvante. Il faut constamment se retenir de ne pas courir. Lorsque j’arrive en bas, mes jambes n’en peuvent plus et j’ai des ampoules sous les pieds! Comble de malheur, en quittant le stationnement, je n’ai pas vu le petit muret et j’inflige une cicatrice à Cybelle sur le pare-choc. Pauvre Cybelle! Allez ma belle, les vacances sont terminées, nous prenons la route vers la maison.
À suivre…
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